Surmonter le trou noir (blocage) de l’écrivain... ne tombez pas dans ce piège !

Autant le dire franchement. Le trou noir -ou le blocage- de l’écrivain, j’en suis convaincu, n’existe pas. Le plus souvent, je pense que les écrivains utilisent le trou noir de l’écrivain comme une excuse pour s’expliquer à eux-mêmes, à un éditeur, ou à une épouse soucieuse la raison pour laquelle le livre n’est pas encore terminé ou le chapitre pas encore incorporé au restant de l’œuvre.

Écrire c’est parler sur le papier. Parfois littéralement, et vous n’entendrez jamais quelqu’un dire : "je ne peux plus parler. J’ai le trou noir de l’écrivain. C’est juste que les mots ne me viennent pas à l’esprit."

Ainsi, il existe plusieurs pièges communs dans lesquels les écrivains débutants tombent tout spécialement ; et ces pièges stoppent la progression de toute écriture.

Le Volume Est Important
L’un des pièges les plus faciles est celui de se laisser intimider par le volume présumé de l’ouvrage, ce qui, comme on l’a déjà dit, stoppe l’écriture. La perspective d’écrire 300 pages est assez intimidante, et tout spécialement ce premier jour où vous vous êtes bien installé pour commencer. Il est très facile, surtout si vous êtes inexpérimenté ou moralement éreinté, de vous effondrer sous la charge mentale de tout ce travail qui vous attend.

L’astuce mentale que je vous propose, et de ne pas penser à ces genres de chiffres lorsque vous écrivez. Vous devrez vous mettre en objectif des blocs textuels raisonnables en ne concentrant votre énergie et préoccupation que sur la partie que vous vous êtes fixé pour la journée.

Si vous choisissez d’écrire le matin avant de partir à votre boulot de tous les jours, peut-être devriez vous atteindre l’objectif de mille mots par jour. Mille mots pourraient peut être vous paraître un peu exagérés, mais c’est en fait un objectif très réalisable. Et si vous vous donnez un rythme régulier, par exemple mille mots par jour, à la fin de la semaine vous aurez probablement un chapitre déjà terminé. Et au bout de quatre mois, vous aurez fini votre livre. C’est comme ça que ça marche.

N’entamez pas l’écriture tous les jours en gardant en tête le fardeau de devoir écrire 80 000 mots ou 300 pages. Installez vous à chaque fois avec l’intention d’écrire quelques centaines de mots. Ca fera toute la différence.

Mauvaise Métrique
Une deuxième pierre d’achoppement est liée à la première. Au moment ou les écrivains, les rédacteurs et les éditeurs ont en commun d’utiliser des mesures comme les mots ou les pages pour déterminer la taille que devrait avoir un livre, vous ne construirez pas vraiment votre livre avec des mots ou des pages. Les livres requièrent plutôt une concentration sur les blocs de construction. De ce fait, et tout spécialement lorsque vous vous efforcez de vous frayer un chemin à travers les premiers chapitres d’un livre (ce sont toujours les plus difficiles pour moi, pour être franc), vous ne pouvez pas penser à des choses comme : "Bien, maintenant j’ai besoin d’écrire mille mots." Au lieu de ça, vous aurez besoin de vous asseoir et d’écrire un livre en construisant un, deux, ou trois blocs.

Laissez moi vous donner un exemple ici. Lorsque j’écris un livre sur les ordinateurs ou sur la technologie, à la base, tout ce que je fais c’est d’enchaîner des descriptions de faits, des instructions pour utiliser certains outils, et des exemples de la vie réelle. Ce sont les blocs que j’utilise pour écrire un livre.

Si j’écris, par exemple, sur comment utiliser un outil de vérification de grammaire qui corrige des mots, je commencerai par écrire un paragraphe qui explique ce que cet outil peut faire. En suite, je continuerais en offrant une description, disons, des six étapes que vous devez suivre pour utiliser cet outil. En fin, je conclurais la discussion en montrant comment utiliser cet outil sur un exemple de texte réel. Et une fois que j’aurai fini d’écrire ces trois blocs de construction, j’aurai obtenu mes mille mots.

Voyez vous à quel point c’est différent de dire que vous allez écrire mille mots ? Mille mots représentent le but à atteindre. Mais cet objectif ne vous aide vraiment pas à vous frayer votre chemin à travers votre écriture. Pour comparer, dire que vous allez décrire brièvement un objet, donner des instructions à suivre pas à pas et donner un exemple, c’est du concret. Ces éléments concrets vous aident bien à avoir une bonne immersion dans votre écriture.

Vous n’allez probablement pas écrire des livres du genre "Comment faire pour…" traitant d’un sujet technologique. Mais vous trouverez que vous aussi vous construisez votre livre en utilisant une assez petite panoplie de blocs bien spécifiques au genre de livres que vous traitez.

Les auteurs de fiction ne le font-ils pas, par exemple ? L’auteur de romans décrit des scènes, dépeint des actions, travaille des dialogues et ainsi de suite. Et ce que ceci veut dire, encore une fois –rappelez vous que nous sommes en train de parler du mythe du trou noir de l’écrivain-, c’est que si vous êtes en train d’écrire un roman traitant d’un mystère, vous ne vous asseyez pas pour écrire avec votre seul objectif d’écrire vos mille mots. C’est trop abstrait.

Vous avez besoin de vous asseoir avec l’intention d’écrire une série de blocs de construction. Peut être que vous allez décrire aujourd’hui le pavillon de chasse exactement comme il l’était lorsque Petra et Michael avaient découvert le corps du vieil homme. Et demain peut être, vous travaillerez le dialogue qui s’était passé lorsque la police interrogea Langston à propos des tableaux à l’huile manquants.

Dans le cas particulier où vous aurez des difficultés à atteindre le nombre de mots que vous vous serez fixé par jour –et probablement même si ce n’est pas le cas-, vous aurez besoin d’utiliser des blocs de construction standard pour construire votre livre. Le bloc de construction vous permettra d’obtenir le contenu sur la page.

Petites Idées, Synonymes De Grands Ennuis
Laissez moi aussi revisiter un fait que j’ai vu très souvent lorsque j’étais un éditeur de livres. Parfois, le vrai problème qui touche un écrivain c’est d’essayer de transformer une petite idée en un grand livre. Ceci est souvent diagnostiqué à tort comme étant un cas de trou noir de l’écrivain. Certains sujets ne méritent pas un livre. Peut-être sont-ils de grands sujets, mais peut-être aussi qu’un traitement optimal ne demande que dix pages ou cinquante pages. Alors qu’un livre à besoin d’être plus grand que cela.

Je suggère que vous testiez votre idée en écrivant quelques exemples de chapitres et vous assurer en suite qu’il n’y a pas de redondance entre eux et qu’il vous reste toujours du contenu en réserve pour deux ou trois autres chapitres uniques. Cette technique devrait marcher. Mais supposons que vous ne saviez pas tout ça lorsque vous aviez accepté d’écrire un livre sur un certain sujet. Ou bien que la technique que je vous avais suggérée, malheureusement, n’ait pas marché dans votre cas particulier. Que pouvez vous faire ?

Dans ce cas vous êtes dans un sacré embarras. Vous aurez besoin d’élargir le champ de votre livre sans en altérer l’objectif et la justification d’origine. Si j’étais vous et que je me retrouvais dans cette position, j’essaierais de me rendre compte à quel point j’ai été court. Comme : aurais-je été court de cinquante pages ? Court de cent pages ? Une fois que j’aurais trouvé cette information, je plancherais sur le développement d’une liste de sujets liés les uns aux autres et que je pourrais utiliser pour rembourrer le livre ou pour l’étoffer.

En fin, si le livre avait déjà été mis à la vente, eh bien, je modèrerais sûrement ma fierté et j’aurais une conversation honnête avec l’éditeur.

Si vous trouvez que vous n’avez été qu’un tout petit peu court, la solution est souvent assez facile. Les éditeurs peuvent rendre un livre paraître plus grand en mettant moins de texte sur une page ou en utilisant un genre de papier plus volumineux. Si vous êtes en train d’écrire un livre de non-fiction, peut être pourriez vous y laisser une appendice qui couvre des sujets qui y sont indirectement liés ou quelque bibliographie étendue ou glossaire. Si vous écrivez un ouvrage de fiction, je ne sais pas ce que vous devriez faire, ce n’est pas mon domaine d’expertise. Devriez vous rajouter des personnages ? Une intrigue secondaire ? Je ne sais pas. Vous feriez mieux dans ce cas d’en parler à votre éditeur.

Idées de Stephen L. Nelson, il est l’auteur de Quicken for Dummies et QuickBooks for dummies ainsi que de 100 autres ouvrages (Tous en anglais). site en anglais: http://www.stephenlnelson.com/

Traduction de l’anglais vers le français par Karim Benyagoub

9 commentaires:

  1. Je ne suis pas d'accord avec votre approche de la page blanche (ou trou noir) !!! Vous dîtes qu'il ne s'agit que d'une excuse de l'auteur. Permettez moi de vous contredire, vous pouvez être un grand romancier et demain ne plus écrire une ligne. Pourquoi ? LA VIE ! Oui la vie, vous pouvez perdre un être qui compte pour vous, vous pouvez vous haïr à travers tous ce qui vous représente, la culpabilité, la honte, le désespoir et bien d'autre sinistres compères peuvent être responsables. Ecrire n'est pas une fin en soi !!! La vie est bien plus importante. N'oublions pas les priorités ! Votre approche mercantile de l'écriture me fascine et me dérange à la fois. Etrange paradoxe !!!

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  2. Bonjour Anonyme et merci pour votre contribution !
    Qui a dit que l’écriture était une fin en soi ? En tout cas, la perte d’un être cher, même si c’est une expérience douloureuse, est certainement loin d’être la fin de la vie, il faut que vous y fassiez attention. Ce n’est pas parce qu’on a perdu un être très important… qu’on doit forcement s’abandonner à la « mort. » Un écrivain, un vrai, possède une flemme intarissable à l’intérieur de lui-même, il est né avec ça dans le sang, dans le cœur et dans tout le corps. S’il arrête d’écrire pendant une période difficile, temporairement, c’est compréhensible, mais s’il « décide » de ne plus jamais écrire (tout est une question de choix et de croyances,) je trouverai ça très, très dommage, d’abord pour cette personne elle-même, avant que ce soit pour d’éventuels lecteurs. Cela dit je ne me permettrais pas de juger un écrivain qui aurait décidé de ne plus jamais écrire, il y a beaucoup de paramètres qui peuvent entrer en jeu.
    Dernièrement, j’ai appris que PPDA (Patrick Poivre d’Arvor) avait, le soir de la mort de sa propre fille, présenté le journal télévisé de 20 heures. Moi je dis « wow ! » C’est un gars extraordinaire pour moi et devinez quoi ? Patrick est écrivain, aussi. Comme par hasard : )
    S’il s’agit de « raison d’être, » je traiterai cette question dans un prochain blog, vous trouverez le lien tout en haut de chaque page de ce même blog.
    Encore merci de votre contribution et à bientôt ; )
    Amical,
    K’

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  3. Je comprends Anonyme même si ses arguments ne sont pas tout à fait bien exprimés. Oui, la vie peut prendre le pas sur l'écriture et calmer le feu sacré dont Karim parle. Et oui, Karim a raison sur le fait qu'être écrivain fait parti de soi. Ecrire ne peut donc être considéré comme quelque chose qui peut se "stopper". Suis-je parvenue à éclaicir le débat ? Pas si sûr...

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  4. @Audrey : « Ecrire ne peut donc être considéré comme quelque chose qui peut se "stopper" »
    D’un, tu as parfaitement raison. De deux, j’adore ta phrase ; )

    Amical,

    K'

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  5. Je me permet de poster mon avis sur la fameuse question du 'trou noir de l'écrivain' : j'entends bien vos arguments qui sont fondés et véridiques mais cela ne m'empêche pas de souvent ressentir cette angoisse de la page blanche alors que je n'ai aucune pression d'un éditeur ou d'une femme angoissée !
    Je pense que l'esprit humain est trop complexe pour être caractérisé d'une seule manière : selon moi, on ne peut affirmer que ce trou noir n'existe pas !
    Je vois par exemple la peur de ne pas être à la hauteur de ses propres idées, le doute quant à certains choix d'intrigue, etc.!
    Ce n'est que mon humble avis !

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  6. @Anonyme: je comprends ce que vous voulez dire, dans votre cas, je vous propose de faire face à tous les doutes que vous pourriez avoir, et d'essayer de les diminuer en faisant des choix dont vous pouvez être plus satisfaite, ou simplement repérer ce qui vous empêche d'avancer, et de terminer ce processus qui vous gêne affin de pouvoir continuer. Si vous avez des idées d'articles à me proposer n'hésitez pas. Je vous souhaite bon courage et beaucoup de plaisir dans vos écrits!


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    A bientôt,
    Karim

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  7. Et bien, tout cela est bien intéressant.
    J'adore l'écriture, depuis l'âge de 8ans j'écris de petites histoires, sans grande importances. J'ai fait un concours pour publier une histoire pour enfant, j'ai été sélectionnée parmi les 10meilleures, mais je n'ai pas pu la publier.
    Aujourd'hui, mon rêve est de sortir un vrai livre, j'ai 17ans encore toute la vie devant moi je sais, mais j'aimerai en sortir un dédié à la mémoire de mon tonton, une personne de formidable qui est décédée il y a 1an, il m'encourageait toujours à continuer sur la voie de l'écriture. Je voudrai lui faire découvrir ma vie, même si il ne lira jamais un de mes livres (si un veut bien sortir un jour), c'est important pour moi.
    Depuis toute petite, lorsque je n'arrive pas à dire quelque chose, je l'écris, sous forme de lettre, de chanson, de poème, d'histoire...
    Malheureusement, j'ai cette fameuse maladie de la page blanche, en réalité, j'ai les idées principales, les personnages, mais je n'arrive pas à tourné l'histoire pour qu'elle prenne un air intéressante. Je crois que c'est surtout ça que l'on appelle "maladie de la page blanche". Ce ne sont pas les idées qui manque, car un écrivain même un amateur qui aime écrire, a toujours une imagination débordante, mais il n'arrive pas spécialement à tourné son histoire, et ça peux le calé.

    July

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  8. "Un écrivain, un vrai, possède une flemme intarissable à l’intérieur de lui-même, il est né avec ça dans le sang, dans le cœur et dans tout le corps."

    Je suppose qu'il s'agit d'une flAmme. Magnifique lapus; j'adore.

    Rosa ;)

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  9. Le trou noir ou le manque d'inspiration est aujourd'hui lié à mon travail. Je travaille dans un dommaine avec lequel je dois être rationel, je ne peux pas me permettre d'interpréter les choses, d'imaginer le résultat.
    J'ai perdu un peu de cette force que j'avais avec l'âge. J'ai perdu une partie du rêveur qui était en moi.

    Aujourd'hui seulement, je reprends peu à peu dans des moments seuls, loin de tout, au large des côtes, ma plume pour re- écrire à nouveau. Et puis je partage aussi mes textes avec certains proches, qui peuvent m'aider à retrouver l'étinclelle qui sommeille en moi.
    Je compte bien terminer mon histoire.

    A plus!

    Antoine-Mathieu

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